Sir Alexander Chapman Ferguson
Né le: 31 décembre 1941
Poste: entraîneur
Carrière à United: 1986-
Sir Alex Ferguson est l'homme qui a fait de Manchester United l'équipe des années 1990. Il s'est établi comme un des meilleurs entraîneurs britanniques de tous les temps et ce faisant, il a transformé une équipe qui courait derrière un titre depuis 26 ans en une machine à gagner, une des meilleures équipes de football du monde entier. A une époque où les entraîneurs ne font souvent que passer, Sir Alex Ferguson est immuable, quoi qu'il arrive, Fergie et United sont toujours au top, chaque saison. Honnête, fier, droit, obsédé par le football, charmeur, plein d'humour, têtu, parfois agressif mais toujours charismatique - autant de mots qui représentent le coeur et l'esprit de Manchester United, Sir Alexander Chapman Ferguson.
Né à Govan, Glasgow, en Ecosse, Alexander était apprenti ouvrier sur les chantiers de Clyde jusqu'à l'âge de 23 ans. Pendant ce temps, il jouait au football avec les clubs écossais de Queens Park Rangers et St Johnstone. Il passa professionnel en 1964 et rejoignit Dunfermline, où il joua avant centre. C'est là-bas qu'il attira l'attention des Glasgow Rangers, dont il était supporter étant enfant, et les rejoignit pour un montant record (du moins à l'époque) de 65.000 livres (soit environ 96.400 euros), en 1967. Mais ce ne fut pas un succès, et il partit à Falkirk en 1969 puis Ayr en 1973.
Il abandonna les terrains pour devenir entraîneur d'East Stirling en 1974, et là-bas il fut rapidement repéré par St Mirren, qu'il entraîna pendant trois ans jusqu'en 1978. Il s'en tira extrêmement bien avec des ressources limitées, mais fut licencié à la surprise générale, après s'être disputé avec le président. Aberdeen profita sans attendre de l'aubaine et c'est alors que la légende Ferguson commença.
De nouveau avec de faibles moyens, il changea la modeste équipe d'Aberdeen, une équipe toute moyenne alors, en une prédatrice dans le championnat écossais. Dans les années 1980, le titre ne fut plus tellement monopolisé par les deux géants de Glasgow, le Celtic et... les Rangers. Aberdeen était devenue l'équipe à battre, et Ferguson couronna le tout par une splendide victoire contre le grand Real Madrid en finale de la Coupe d'Europe des Vainqueurs de Coupes 1983, le dernier trophée européen remporté par une équipe écossaise à ce jour.
Ce ne fut qu'une question de temps avant que les grands clubs ne se ruent derrière lui. Il fut approché par le FC Barcelone, Arsenal, les Rangers (de nouveau!), Tottenham (une offre qu'il considéra sérieusement), mais au final ce fut... Manchester United.
1986-1990: débuts difficiles
Le premier job de Fergie était de sortir United de l'impasse dans laquelle le club se trouvait après que Ron Atkinson, le précédent entraîneur, ait quitté le navire alors que les Mancuniens se trouvaient englués au fond du classement. Il accomplit ce qui lui était demandé, mais des problèmes majeurs subsistaient. La réputation de MU, "un club qui dépensait trop", était fondée et Alex prit la situation à bras le corps. Il remit en place le système des équipes de jeunes, un système qui devrait plus tard le récompenser mille fois de ses efforts. Chaque détail de la vie du club avait son attention la plus totale, il était toujours le premier arrivé et le dernier parti. Le retour de Mark Hughes du FC Barcelone, et les arrivées de Steve Bruce, Brian McClair, Gary Pallister et Paul Ince renforcèrent l'équipe, mais United était encore loin du titre. Cependant, en 1988, les Red Devils prirent la deuxième place derrière Liverpool. Et la frustration fut d'autant plus grande en 1989 lorsque les pensionnaires d'Old Trafford finirent à une plus que décevante onzième position. Les joueurs travaillaient dur, mais les supporters commençaient déjà à se demander si Fergie était bien l'homme qui ferait à nouveau de Man United des prétendants au titre.
En plus de cela, Norman Whiteside et Paul McGrath, deux favoris des supporters, furent vendus à cause de problèmes d'alcool, ils ne rentraient plus dans le cadre de discipline imposé par le coach. Ils furent bientôt suivis par Gordon Strachan, mais cette purge de joueurs de qualité eut forcément un lauvais effet sur les résultats. En janvier 1990, United était au fond du classement, et les chants "Fergie Out" (Fergie dehors) descendaient des tribunes et des terrasses des pubs, particulièrement après une humiliation 5-1 à City.
Martin Edwards, alors propriétaire du club, l'a toujours nié, mais Alex Ferguson était alors plus que jamais sur un siège éjectable. Et le pic fut atteint lors du match du 3e tour de la FA Cup à Nottingham Forest. Nul doute qu'une défaite aurait signifié le licenciement de Ferguson. D'ailleurs, si la même situation se reproduisait dans le footbal moderne, nul doute qu'il serait déjà parti depuis longtemps... Heureusement pour le coach (et heureusement pour Manchester United), après que Forest ait un but refusé, Mark Robbins marqua le seul but du match et Man Utd s'imposa 1-0. Ensuite, les joueurs s'offrirent un joli parcours dans la plus vieille compétition de football du monde, et remporta la finale de la Cup en jouant tous les matchs à l'extérieur. Après un nul 3-3 contre Crystal Palace au match aller, Lee Martin délivra les siens au retour pour donner à Fergie son premier trophée, la FA Cup 1989-1990. Fergie avait maintenant un peu plus d'air, que ce soit du côté des fans ou des dirigeants.
1990-1993: en route pour le championnat
Ferguson se mit donc au travail pour tenter de mettre fin à la longue disette de Manchester United en ce qui concernait le titre de Champion d'Angleterre. Mais ce serait bête d'ignorer les Coupes, qui permettent aux équipes de patienter tant que la couronne nationale ne veut pas se poser sur les têtes des joueurs... La Coupe d'Europe des Vainqueurs de Coupes en 1991 contre le FC Barcelone d'abord (2-1), la même qu'il avait remportée avec Aberdeen contre le Real, puis la League Cup la saison suivante aux dépens de Nottingham Forest (1-0). L'équipe avait commencé à retrouver le flair offensif qui avait fait sa force et sa réputation, et les arrivées de Peter Schmeichel, Denis Irwin et Ryan Giggs, tout droit sorti de l'équipe réserve, vinrent couronner le tout. Mais Fergie n'arrivait toujours pas à remporter le fameux titre. Quand cela sembla finalement possible en 1992, une défaite 2-0 à Anfield permit finalement à Leeds de repasser devant, sur le fil. Ferguson fut vivement critiqué et beaucoup de fans et journalistes pensaient alors que MU ne serait jamais plus champion.
MMais une fois encore, ils sous-estimaient Alex, et le retour à l'ouvrage la saison suivante fut un retour en forme. Le tournant de la saison, voire de la décennie, fut le transfert en novembre de 1993 d'Eric Cantona, champion en titre. Une arrivée pas du tout planifiée, un hasard qui prit sa source lors d'un coup de téléphone du président de Leeds qui voulait s'informer du prix de Denis Irwin... Un hasard qui allait couronner plusieurs saisons de succès.
La façon avec laquelle l'Ecossais profita de cette aubaine, réalisant que le Français devait être le centre de son équipe, fut tout simplement géniale. Adoptant une approche plus relaxée, il s'appropria enfin le trophée pour lequel Manchester United avait tant souffert. Devant Aston Villa, avec un superbe football toute la saison, 26 ans d'attente prirent fin le 2 mai 1993 et United venait de remporter la Premier League, la première de l'histoire puisqu'elle venait de remplacer la Division One.
1993-1997: le Double-Double
En 1993-1994, la machine rouge de Ferguson domina tout, stylée et imbattable. Le futur capitaine Roy Keane arriva au début de la saison en provenance de Nottingham Forest pour 3.5 millions de livres (5.2 millions d'euros). En automne certains discutaient déjà à propos d'un hypothétique triplé, alors que United balayait tout sur son passage et se plaçait nettement au-dessus de tous ses concurrents. Mais l'opinion publique se dressait en défaveur de Man U. Fergie adoptait une mentalité du style "Nous contre le reste du monde" et une rafale de critiques s'abattit sur lui après une série d'avertissements et d'expulsions qui menacèrent de ruiner toute la saison. La finale de la League Cup fut perdue par les Mancuniens, 3-1 contre Aston Villa, et les 16 points d'avance sur Blackburn en championnat fondirent comme neige au soleil. Fergie et United regagnèrent alors lentement en confiance, dans les deux derniers mois de la saison. United remporta la Premier League avec 10 points d'écart et démolit Chelsea 4-0 en finale de la FA Cup, le premier doublé FA Cup et championnat dans l'histoire de Manchester United.
En 1994-1995, Fergie fit venir Andy Cole pour 7 millions de livres (10 millions d'euros). Mais United perdit le championnat d'un seul point derrière Blackburn, et le Cup d'un seul but contre Everton. United aurait probablement remporté un second doublé si Eric Cantona n'avait pas été suspendu huit mois par la FA après avoir attaqué un fan idiot à Selhurst Park, "supporter" qui l'avait insulté alors qu'il venait d'être expulsé contre Crystal Palace. Fergie contint l'orage médiatique brillament et aida Canto lorsque le monde entier sembla se dresser contre lui et contre le club. L'incident eut au moins le mérite de montrer le talent de Fergie au plein jour.
La saison 1995-1996 commença avec les fans criant au scandale après les départs de Mark Hughes, Andrei Kanchelskis et Paul Ince pendant l'été. Certains doutèrent du coach, surtout lorsque celui-ci remplaça les stars parties par des jeunes inexpérimentés, nommés David Beckham, Nicky Butt, Paul Scholes ou encore Philip et Gary Neville; sans oublier le jeune mais déjà très bon Ryan Giggs, qui avait déjà pris ses marques en équipe première. Après une cinglante défaite 3-1 pour le premier match de la saison et la célèbre phrase d'Alan Hansen ("Vous ne gagnerez rien avec des gosses"), nombreux étaient les journalistes qui pensaient que les années victorieuses de Ferguson à la tête du club étaient (déjà) finies.
Mais une fois encore, Fergie prit le dessus sur tous les jugements et toutes les critiques. Huit mois après le début de la saison, "les gosses" étaient inarrêtables et avaient surpassé le Newcastle United de Kevin Keegan, qui avait dépensé plein pot pour espérer décrocher le titre national et eurent jusqu'à 14 points d'avance sur les Red Devils. Quatre mois de victoires entre janvier et avril, grâce encore une fois à un Eric Cantona extraordinaire, eurent raison des Magpies, et sept jours après la victoire en Premier League, la Cup reprenait le chemin de la vitrine d'Old Trafford. Une victoire 1-0 contre les Scousers de Liverpool, avec un but de Canto, permit à United de remporter un second doublé, deux ans après celui de 1994 - le fameux Double Double.
1997-1999: rois d'Europe
United était de retour dans les compétitions européennes, et remporter la Ligue des Champions devenait une obsession pour Fergie comme cela l'avait été pour Sir Busby 40 ans plus tôt - ramener le Graal à Old Trafford. C'était le seul endroit où MU pêchait, mais avec le retrait de la règle qui empêchait les clubs d'aligner plus de trois étrangers sur le terrain, Alex Ferguson pouvait à présent aligner sa meilleure équipe. La saison 1996-1997 rapporta un quatrième titre en cinq ans, confortablement, avec 19 buts pour la seule nouvelle recrue estivale Ole Gunnars Solskjaer. Mais en Champions League, United perdit les deux matchs en demi-finale, 1-0, contre le Borussia Dortmund.
A la fin de la saison, Eric Cantona prit sa retraite, une décision qui choqua le monde du football. La saison suivante, United ne parvint pas vraiment à le remplacer. Teddy Sheringham arriva des Spurs pour 3.5 millions de livres (5.2 millions d'euros) mais Roy Keane fut blessé tôt dans la saison. Après sx mois brillants, les problèmes de blessures déstabilisaient de plus en plus le bloc mancunien. United fut éliminé à Monaco en Coupe d'Europe, et Arsenal ramena la Premier League et la Cup à Highbury.
Déterminé à succéder à son nouveau rival londonien au palmarès, il tenta un coup de poker en dépensant 23 millions de livres (34 millions d'euros) pour faire venir Dwight Yorke et Jaap Stam. Jouant un style assez libre, porté vers l'attaque, United balayait tout sur la scène nationale. La qualification pour les matchs à élimination directe de la Champions League fut un peu plus ardue, avec quatre matchs nuls en six matchs de poule. Ferguson avait un banc de très grande qualité, avec les seuls Solskjaer, Sheringham, Butt, Berg et Blomqvist. Et à l'approche de la toute dernière ligne droite, United devançait Arsenal en championnat, avait battu les Gunners, Liverpool et Chelsea en FA Cup, et l'Inter et la Juventus en Coupe d'Europe. Tout était en place pour un grand final.
Pour commencer, Man U battit Tottenham à Old Trafford 2-1, un match où des nerfs d'acier étaient conseillés. David Beckham égalisa après le but de Les Ferdinand pour les Spurs et Andy Cole donna la victoire aux siens. Une semaine plus tard, les Mancuniens remportèrent la Cup aux dépens de Newcastle, 2-0, grâce à Scholes et Sheringham. Et enfin, le rêve de Fergie, une finale de Coupe d'Europe se profilait. Menés 1-0 pendan 84 minutes, les Red Devils réagirent à temps, deux buts de Solskjaer et Sheringham sur deux corners signés David Beckham dans les arrêts de jeu offrant finalement le triplé à Fergie. Il venait de réaliser quelque chose qu'aucun entraîneur britannique n'avait jamais fait, et ne refera peut être jamais. Alex Ferguson devint même Sir Alex Ferguson, adoubé chevalier pour services rendus au sport anglais.
2000-2006: l'après-Treble
Depuis le triplé en 1999, Fergie n'a pas chômé. United a remporté deux titres consécutifs à celui de 1999 en 2000 et 2001, avec 97 buts marqués lors de la saison 1999-2000 et une avance record de 18 points. Ce fut la saison suivante qu'avec 14 trophées à la tête du club, Sir Alex dépassa l'ancien coach de Liverpool Bob Paisley pour rentrer une fois de plus dans l'histoire.
Du côté des transferts, de grands noms tels que Ruud van Nistelrooy, Laurent Blanc, Juan Sebastian Veron ou Rio Ferdinand débarquèrent dans l'équipe, pour des sommes atteignant des sommets (29 millions de livres, soit 43 millions d'euros pour le seul Ferdinand).
